jeudi 28 décembre 2006

Aujourd'hui longue balade. Je recommence à écrire avec le temps qui vient. Sous le soleil bleu, sur la rue St-Hubert. Toujours au nord du centre on conserve le vent froid et les ombres se profilent plutôt qu'elles ne se défilent. Bien emmitouflés nous étions. Chaud au coeur? Une grande blancheur et des ombres. Économie de verbe.

mercredi 27 décembre 2006

Elle s'appelle Rita et a 87 ans. Elle a déjà eu une dent en or. C'était à la fois son petit côté pirate et sa grande classe. Elle est née en Ontario, dans un petit village, Saint-Albert. Pas très loin d'Ottawa. Pas trop proche non plus. Je sais que son grand-père s'appelait Évangéliste et ça m'a toujours fait bizarre. Elle a grandi sur une ferme. Avec des boîtes de métal remplies de charbon pour chauffer les lits et des enfants plein la véranda. Ses frères et soeurs s'appellent Hector, Gérard, Lucien, Thérèse, René, Jeanne et Rosaire. Ils ne sont plus que quatre. Elle a eu mal au coeur la première fois qu'elle est montée dans une automobile et s'habillait en homme pour poser sur des photos. Elle a enseigné le français dans les écoles de rang. Elle a quitté Ottawa. Elle est partie pour Montréal. Elle a toujours eu de longs cheveux. Bouclés. Noirs. Remontés en chignon qui ne tient que par quelques épingles. Puis du noir de ses cheveux n'est resté qu'une bande nageant dans le gris. Puis le noir a tourné au gris. Le temps a fait son oeuvre et le blanc règne sur sa sagesse. Elle a fait lire Camus a ses élèves anglophones. Elle a fait lire ses petits-enfants, leur a appris l'anglais et le français. Leur a passé la main le long de la colonne vertébrale quand ils ne s'asseyaient pas droit. Elle les a laissé pianoter sur le vieux piano vandalisé et désaccordé dans sa grande maison de pierre et de bois. Sous la pluie, elle a dompté ses cinq petits monstres puis les petits monstres de ses petits monstres. Elle les a envoyé jouer sous la pluie, prétextant le beau temps, pour respirer et se retrouver. Cinq enfants, huit petits-enfants. Elle a régné sur cette marmaille telle une louve jalouse de ses petits. Timide et fière, espiègle à mort. Elle ne dort pas dans un lit mais bien sur un divan. Elle s'endort, livre sur le nez et lumière allumée. Elle lit de grosses briques historiques qui font envie. Elle lisait des contes de fée à ses petites-filles et parlait de dragons et de chevaliers à ses petits-fils. Elle porte des foulards de soie en hachant du bois. Elle se baigne dans le lac quand personne ne regarde. Elle a été sauveteur à Ottawa, l'été de ses 18 ans. Elle fait de la tarte au sucre, des pâtés aux framboises et du macaroni au porc. Elle a emmené ses petits-enfants patiner à Ville Saint-Laurent. Elle leur disait que sur le canal Rideau, ils mettaient des valses pour les patineurs. Elle a voyagé et envoyé des cartes postales colorées, de partout dans le monde. Elle corde encore du bois. Elle est vive. Rita, c'est ma grand-mère préférée.

En contemplant mes oeufs et mon bacon

Le Gourmet «cuisine québécoise et familiale». À deux pas de chez moi. Je me suis camouflée, doublée de mon Amour, dans le vert de ses murs et dans l'odeur de cuisine maison pas chère. La nuit a été brève. Fête de famille qui a fini en partie de poker chez mon grand frère. Lendemain de veille, j'avais besoin d'un visage en oeufs et en bacon. Ça m'a rappelé la Binerie sur Mont-Royal où un ancien amant attentionné m'avait convié à petit-déjeuner. Ces restaurants sont des voyages dans le temps et la culture. Je me sentais comme dans un roman d'Yves Beauchemin.

«Tu veux du ketchup avec tes bines, ma belle?»

«C'est bon les amoureux?»

«Joyeux Noël les tourtereaux!»

C'est simple et j'aime ça. Une tranche de tomate et une feuille de laitue font office de légumes. À ma droite, une vieille dame mange tranquillement son ragoût de boulettes, boit son thé et lit le Journal de Montréal. Elle nous dit que c'est bien que la neige soit revenue, que ses enfants sont venus la voir pour Noël et qu'elle passera le jour de l'an chez sa soeur, sa voisine. Échange fugitif, le temps d'un sourire, elle retourne à sa vie et nous à nos cafés.

Au fond de ce 24 heures, des treillis cachent une salle au trésor. Il n'y a pas si longtemps, on pouvait encore y fumer et des hommes qui me faisaient penser à mon grand-père y jouaient aux cartes à toutes les heures du jour et de la nuit. Je fixe cette salle vide et la serveuse, Manon, qui sait les choses du coeur et des pensées me dit: «Y viennent pu ben ben depuis qui peuvent pu fumer. Tu sais, c'est pu pareil.» Elle retourne à son pouding au riz, qu'elle vante allègrement aux nouveaux initiés, je détourne les yeux.

Les marmonnages et la boucane se sont tus. Les cennes ne râclent plus les tables vernies mais la nourriture est la même et le temps rejoue sans cesse sa scène dans la vie quotidienne de la Petite-Patrie.

Une anglophone m'a déjà dit: « I've never been around here. I like it! It's soooo the Nouveau-Plateau!»

Laissez donc mon Gourmet en paix.

dimanche 24 décembre 2006

Je n'aime pas

Les Noël sans neige

Les bottes de mon amoureux

Le pouding

La dinde sèche

Le gâteau au chocolat de ma grand-maman ( TABOU ABSOLU!!! Mais Rita ne connaît pas internet...)

Les party de famille m'angoissent: «C'est quoi que tu fais, déjà?»

Avoir mal au coeur

Les côtelettes de porc

Le tapioca

La crème anglaise

La meringue dure

Le café froid

Mon manteau d'hiver

Porter des bas

Mes grains de beauté

La costarde

La tarte aux cerises

Le gruau

Avoir les cheveux gras

Me démaquiller

Être en retard

lundi 18 décembre 2006

Du laid

J'ai été renversée en y étant confrontée. Comment des choses isolément laides peuvent-elles former un tout correct, charmant, voire beau?

Lundi soir. Heure de pointe, une semaine avant Noël. Deux options s'offrent à moi: refaire les mots croisés pour une seconde fois ou observer la masse compacte. Deuxième option. Mes yeux roulent d'un coin à l'autre. Un poteau. Une main sur le poteau. La main est dans le gant, le gant sur le poteau, le poteau dans le wagon, le wagon est dans le train, le train est dans l'tunnel...

Bref, mes yeux roulent à la recherche d'une réflexion amusante, peut-être intelligente. Soudain, ça me frappe. Je ne peux plus regarder ailleurs. Elles sont partout! Tout le monde en a et elles sont laiiiiides! Bon, certaines personnes n'en n'ont pas ou ne peuvent pas s'en servir mais disons que ces cas sont plutôt exceptionnels...

Je ne pouvais plus regarder les gens de la même façon. Tentez de regarder seulement les oreilles des gens, sans vous attarder au visage...ça fait peur. Elles sont comme des empreintes digitales: des grandes, des petites, des molles et des croquantes!!

dimanche 17 décembre 2006

Dans le murmure de la ville et l'absence de blanc j'écoute ma fin du monde.
Entre les ronrons du frigo et les cris de la ruelle je pleure mon blanc disparu.

Ces grands froids mordants me manquent.
J'ai craint leur venue, j'angoisse leur manque.
Des glaçons de lumière.
Des congères blanches.
Puis grises, puis brunes.
De la poudre et des blocs.
Du lourd qui fait ployer les pelles.
Du nuage jeté en pleine figure.
Des balles lancées espièglement.
Qui rebondissent sur les jaune des autobus scolaires.
Les yeux rageurs des conducteurs d'autobus scolaire.
Des glaçons dans le foulard, du frimas dans les cils.
La morsure cinglante sur les joues qui fait mal.
Qui fait sentir la vie et apprécier le feu.

mercredi 13 décembre 2006

Longtemps, j'ai voulu être mince, fine, longiligne. Pouvoir porter ces chiffons chics et chers des revues de mode. J'ai voulu peser 50 kilos et mesurer un mètre quatre-vingt. Être blonde, avoir des taches de rousseur, avoir les yeux verts, ne pas avoir de grains de beauté. Surtout, ne plus avoir de grains de beauté. Ces taches brunes sur ma peau qui grossissent et apparaissent à leur gré depuis mon enfance, je les hais profondément. Plus que mon poids, plus que ma taille, plus que le noir de mes cheveux.

lundi 11 décembre 2006

Ce que j'écris quand je suis vraiment ivre

J'ai laissé ce message chez PP, vendredi soir...

«L’heure se fait tardive par un désir d’envie. C’est ainsi que se font une salutation et un détour, au hasard d’un voisinage opportun et de clefs retrouvées. L’alcool me prend dans son délire d’absence. C’est pourquoi je te salue, Catherine.

Mariedjo!

J’irai attendre dans le froid nocturne. Les odeurs sont frappantes et la couture se partage…

Il y a énigme à résoudre : tu dois trouver ce qui manque…»

TRADUCTION: il est tard, j'ai les clefs de chez PP, c'est là que je vais aller pour me soulager. Je lui laisse un petit mot au passage (ci-haut). On a le même kit de couture, je le relève mais ça n'a aucun sens, je suis saoûle...J'en ai profité pour lui voler une revue à potins...

samedi 9 décembre 2006

J'ai pratiqué mon anglais et je ne sais pas du tout ce que j'ai pu dire. J'ai appris à dire Goethe correctement, avec l'accent allemand mais je ne sais plus du tout. J'ai pratiqué mon portugais avec un ébahi abasourdi. Ça, je m'en rappelle. J'ai appris que l'amie de l'ami d'une amie (Momo, qui organisait la fête avec AMA) participerait au Fringe Festival l'été prochain et que ça porterait sur le sexe et la mort. Candidement j'ai crié (musique oblige): «Ooooooh, I know, I know! It's about HIV!!!!!» fiiiiiasco. C'était pas ça...froid...je suis allée voir ailleurs. J'ai parlé bouffe indienne. J'ai rencontré deux homonymes. Avec MJ 2, j'ai parlé de cul, avec A (je ne donnerai pas mon nom de famille), je me suis demandée si j'avais de la famille à Joliette. D'ailleurs, je suis en train d'appeler mon père pour lui tirer les vers du nez. Ça ne répond pas, je resterai dans l'ignorance. Je suis allé faire pipi chez Pépé, parce que c'était très facile (j'ai une clef) et parce que faire la queue, alcoolisée, à trois heures du matin ne me disait pas beaucoup.

vendredi 8 décembre 2006

NOOOOOOOOOOOOOOOOON

Je suis maintenant de celles qui ramènent du boulot à la maison, le soir.

PANIQUE

mercredi 6 décembre 2006

Ma salle de bain est une coquille de noix. Le plancher est croche et le lavabo? Tout simplement inexistant. Mes dents iront se brosser dans la cuisine. Mais une baignoire siège et bouffe l'espace. UNE BAIGNOIRE! Dans laquelle je ne mettrai pas mes fesses avant de lavoir l'avée (huhu) maintes et maintes fois...Il y a espoir d'en faire un coquet refuge, à condition de ne pas trop élargir...

Bientôt, je pendrai ma crémaillère. Un de ces jour, je pendrai ma crémaillère. J'ai dix jours de vacances à Noël, je vais pendre la crémaillère. Une chance qu'une crémaillère ne se pend pas dans les salles de bain. J'ai un vague souvenir de trente personnes dans une petite salle de bain. Je lance le défi...À quand trente personnes dans MA coquille de noix?

Minuscule. Microscopique. Petite. Exigue. Étroite. Nanométrique. Promiscuiteuse (!!?). Héhé, ce dernier mot, sorti de nulle part, me fait penser à libidineuse...Bah, la promicuité dans une salle de bain entraîne nécéssairement l'éveil de la libido, non?

Bon, je vais vous pondre une petite nouvelle érotique un de ces quatre...

mardi 5 décembre 2006

De retour. Je n'étais pas partie en vacances, je n'étais pas ni prison ni en punition. Je déménageais, je peinturais, je traînais des boîtes, je lavais des murs, des fenêtres, je décrotais une salle de bain. J'ai travaillé comme une folle. J'y vais tranquillement sur le retour...pas de grandes folies ni de délires ce soir. Didi est venue. Didi, c'est ma maman. Le caporal Vadrouille est entré comme une tornade dans mon petit trois et demi: «Où sont tes guenilles? Ton nettoyant? Ton eau de javel? As-tu des gants? Qu'est-ce que tu veux que je fasse?» Ouuuuuf.

La scène: je suis au téléphone (sondage rémunéré sur le tabac...), mon cellulaire sonne, mon Amour prépare le souper et les yeux gris de mon frère farfouillent. Didi s'impatiente. Il faut croire que la rage ménage saute une génération de temps en temps! Maman, à quatre pattes dans la micro salle de bain, la tête derrière la cuvette qui me crie: «Mariiiiiiiiiiiiiiiie, là tu vas prendre de la peinture en spray et tout repeindre derrière! C'est épouvantaaaaable!» Magie, mes trucs ont trouvé leur place dans la micro pharmacie de la mini salle de bain. Ah, l'organisation des mamans, c'est infaillible. Je me donne trois jours pour y foutre le bordel.

Au moins, ça commence à ressembler à un chez soi.