Le téléphone ne sonne pas beaucoup. Tout en suspend, été.
On se rassied derrière le bureau et on compte : encore dix jours ouvrables avant de repartir pour deux semaines. On espère que le téléphone ne sonnera pas, on espère que tout gardera le cap, on a déjà hâte de repartir, déjà hâte à la rentrée pour enfin pouvoir dire : « Je suis étudiante » et non plus « Je travaille dans un OBNL pour les personnes atteintes de ... Je n'ai pas de diplôme dans ce domaine et je n'aime pas particulièrement mon milieu de travail mais ça paye l'épicerie, le loyer, le dentiste, etc. »
C'est le problème de ceux qui ne disent jamais totalement et ouvertement ce qu'ils pensent : ils sont rarement heureux plus que quelques minutes. Peut-être qu'il vaut mieux ne rien dire. La suranalyse, la paranoïa, la colère ne font qu'user, ne valent rien, rien, rien. Victimisation? Rien, rien, rien. Alors woush woush, on se bouge, on se paie des vacances, on se sauve pour vivre un peu parce que la ville étouffe et parce que lorsqu'il reviendra, ce ne sera ni vers moi, ni chez moi. Ce n'était qu'une pratique supplémentaire, juste un ajout à la liste. Cette liste qui s'allonge, à laquelle s'est ajouté un drôle de numéro venu de loin, loin derrière juste pour taquiner.
Les interractions se font rares, c'est pas la faute à quelqu'un, c'est la faute au hasard. Il faut bien vivre sans trop se poser de questions. Parler est une défense envahissante. Le discours des autres intimide, est trop profond, trop poussé. Tellement poussé qu'il en devient du vent, de l'inutile, du futile.
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Je suis un être égoïste. Il a fallu 27 ans pour que je le réalise et ça fait un peu mal. C'est peut-être la faute au boulot, c'est sûrement juste ma faute, c'est peut-être juste comme ça mais parfois, j'en ai marre d'être empathique de 9 à 5, ça m'enlève toute envie de l'être dans ma vraie vie et de m'intéresser réellement (et correctement) à ceux qui m'entourent. Constat fort désagréable.
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