samedi 11 novembre 2006

Deux fois plutôt qu'une...

Je suis confrontée à une montagne de livres. Mes livres. J'ai toujours dit que ce serait mes livres que je sauverais du feu. Quand j'aurai des enfants, je penserai autrement mais pour l'instant, mes livres, oui. Ils m'accompagnent depuis toujours. Il y a les livres de l'enfance, ceux de la Courte-échelle, les contes de Félix Leclerc, une petite histoire de Pierre Foglia, les aventures de Pellicule qui sauve les animaux avec des petites marionnettes pour les doigts, mes recueils de contes de fées...Il y a les romans que j'ai lus adolescente, volés dans la bibliothèque de mes parents, que je ne comprenais pas toujours mais qui m'ont fait aimer la lecture plus que tout. Il y a la découverte de Jacques Prévert, de Pennac, de Perec, de Sartre, de Camus, de Vian, de Kundera.

Je ne peux pas oublier Hubert Aquin et sa Neige noire.

De l'écriture automatique, de l'absurde, du roman noir, du roman policier, des romans québécois de tous genres: du terroir à la modernité. Les grands classiques et les moins classiques.

Et il y a la poésie...Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, Prévert (encore), Coppens, Saint-Denys Garneau. Je n'aime pas Nelligan mais j'aime Charles Gros, Louis Aragon, Apollinaire. Comment oublier Jarry et son Ubu? Paul Valéry et André Gide, Raymond Queneau? PI-CA-BIA et TZA-RA!!! Tous ces auteurs ont meublé les longues heures dans le métro et dans le bus, de l'école à la maison, de la maison à l'école. Ils m'ont appris à défier certaines conventions, à écrire du beau pour le simple plaisir de créer mais aussi à utliser le beau pour émouvoir, raconter, questionner. Je sais écrire en vers, je sais compter les temps, je sais faire valser les mots pour leur donner une cadence. Verlaine brodait avec les mots. Je valse avec les mots comme je valsais avec ma mère le soir, après le souper.

Je nomme des noms pour nommer mais ce sont mes coups de coeurs, mes compagnons de voyage et de solitude.

J'ai redécouvert Yves Thériault tout à l'heure, en vidant la bibliothèque de mes bébés:

« Partout sur la côte, les hommes ont réarrangé les baies, les anses et les caps: ils ont taillé dans le granit et aplani des falaises. Leurs routes sillonnent nos pays, leurs maisons d'asbeste et de brique ont remplacé souvent nos maisons anciennes, couleur de temps mauvais, couleur de mer hargneuse.»

Je n'ai jamais lu Agaguk mais j'ai lu Le dernier Havre (ci-haut) et La fille laide et ces deux romans ont troublé mes eaux troubles. J'allais oublier Marie-Claire Blais, Michel Tremblay (trop facile?) et Anne Hébert. Louis Caron et ses cornes de brume, ses patriotes et ses défaites. Quoi qu'on en dise, je n'aime pas Jacques Godbout.

Je ne lis presque plus. Manque d'intérêt? Manque de temps? Je ne sais pas. Je sais seulement que mes livres transportent de nombreuses histoires: les leurs et les miennes, entremêlées en souvenirs, en anecdotes, en réflexions. Certaines pages sont cornées, annotées. Entre leurs pages se sont glissées des photographies, des notes de moments d'illumination littéraire, des feuilles d'automnes, des fleurs séchées, des adresses rapidement griffonnées, rapidement oubliées. Toutes ces choses attendent d'être découvertes au hasard, quand j'aurai besoin de lire quelque chose de beau, de dur, de triste.

Je pars, mes livres me suivront. J'ai appris, à mes dépends, qu'il ne faut pas prêter des livres sans en prendre en échange. Ils sont ma richesse. Ils sont ceux qui ont fait que je suis totalement et profondément littéraire, une folle du français, une milicienne de la grammaire et de la syntaxe.

On peut les ranger en ordre alphabétique d'auteurs, en ordre alphabétique de titre, par ordre de grandeur, par épaisseur, par maisons d'édition, par thématiques mais aussi par dates de lecture ou dates d'achat. On doit se réserver une section pour les non-lus, les pas-lus-au-complet, les à-relire, les hum-ça-plairait-à-un-tel!!!!

C'est fou, parler de mes livres me fait pleurer. Ça doit être la fatigue. Je pleure beaucoup ces jours-ci.

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