jeudi 28 décembre 2006

Aujourd'hui longue balade. Je recommence à écrire avec le temps qui vient. Sous le soleil bleu, sur la rue St-Hubert. Toujours au nord du centre on conserve le vent froid et les ombres se profilent plutôt qu'elles ne se défilent. Bien emmitouflés nous étions. Chaud au coeur? Une grande blancheur et des ombres. Économie de verbe.

mercredi 27 décembre 2006

Elle s'appelle Rita et a 87 ans. Elle a déjà eu une dent en or. C'était à la fois son petit côté pirate et sa grande classe. Elle est née en Ontario, dans un petit village, Saint-Albert. Pas très loin d'Ottawa. Pas trop proche non plus. Je sais que son grand-père s'appelait Évangéliste et ça m'a toujours fait bizarre. Elle a grandi sur une ferme. Avec des boîtes de métal remplies de charbon pour chauffer les lits et des enfants plein la véranda. Ses frères et soeurs s'appellent Hector, Gérard, Lucien, Thérèse, René, Jeanne et Rosaire. Ils ne sont plus que quatre. Elle a eu mal au coeur la première fois qu'elle est montée dans une automobile et s'habillait en homme pour poser sur des photos. Elle a enseigné le français dans les écoles de rang. Elle a quitté Ottawa. Elle est partie pour Montréal. Elle a toujours eu de longs cheveux. Bouclés. Noirs. Remontés en chignon qui ne tient que par quelques épingles. Puis du noir de ses cheveux n'est resté qu'une bande nageant dans le gris. Puis le noir a tourné au gris. Le temps a fait son oeuvre et le blanc règne sur sa sagesse. Elle a fait lire Camus a ses élèves anglophones. Elle a fait lire ses petits-enfants, leur a appris l'anglais et le français. Leur a passé la main le long de la colonne vertébrale quand ils ne s'asseyaient pas droit. Elle les a laissé pianoter sur le vieux piano vandalisé et désaccordé dans sa grande maison de pierre et de bois. Sous la pluie, elle a dompté ses cinq petits monstres puis les petits monstres de ses petits monstres. Elle les a envoyé jouer sous la pluie, prétextant le beau temps, pour respirer et se retrouver. Cinq enfants, huit petits-enfants. Elle a régné sur cette marmaille telle une louve jalouse de ses petits. Timide et fière, espiègle à mort. Elle ne dort pas dans un lit mais bien sur un divan. Elle s'endort, livre sur le nez et lumière allumée. Elle lit de grosses briques historiques qui font envie. Elle lisait des contes de fée à ses petites-filles et parlait de dragons et de chevaliers à ses petits-fils. Elle porte des foulards de soie en hachant du bois. Elle se baigne dans le lac quand personne ne regarde. Elle a été sauveteur à Ottawa, l'été de ses 18 ans. Elle fait de la tarte au sucre, des pâtés aux framboises et du macaroni au porc. Elle a emmené ses petits-enfants patiner à Ville Saint-Laurent. Elle leur disait que sur le canal Rideau, ils mettaient des valses pour les patineurs. Elle a voyagé et envoyé des cartes postales colorées, de partout dans le monde. Elle corde encore du bois. Elle est vive. Rita, c'est ma grand-mère préférée.

En contemplant mes oeufs et mon bacon

Le Gourmet «cuisine québécoise et familiale». À deux pas de chez moi. Je me suis camouflée, doublée de mon Amour, dans le vert de ses murs et dans l'odeur de cuisine maison pas chère. La nuit a été brève. Fête de famille qui a fini en partie de poker chez mon grand frère. Lendemain de veille, j'avais besoin d'un visage en oeufs et en bacon. Ça m'a rappelé la Binerie sur Mont-Royal où un ancien amant attentionné m'avait convié à petit-déjeuner. Ces restaurants sont des voyages dans le temps et la culture. Je me sentais comme dans un roman d'Yves Beauchemin.

«Tu veux du ketchup avec tes bines, ma belle?»

«C'est bon les amoureux?»

«Joyeux Noël les tourtereaux!»

C'est simple et j'aime ça. Une tranche de tomate et une feuille de laitue font office de légumes. À ma droite, une vieille dame mange tranquillement son ragoût de boulettes, boit son thé et lit le Journal de Montréal. Elle nous dit que c'est bien que la neige soit revenue, que ses enfants sont venus la voir pour Noël et qu'elle passera le jour de l'an chez sa soeur, sa voisine. Échange fugitif, le temps d'un sourire, elle retourne à sa vie et nous à nos cafés.

Au fond de ce 24 heures, des treillis cachent une salle au trésor. Il n'y a pas si longtemps, on pouvait encore y fumer et des hommes qui me faisaient penser à mon grand-père y jouaient aux cartes à toutes les heures du jour et de la nuit. Je fixe cette salle vide et la serveuse, Manon, qui sait les choses du coeur et des pensées me dit: «Y viennent pu ben ben depuis qui peuvent pu fumer. Tu sais, c'est pu pareil.» Elle retourne à son pouding au riz, qu'elle vante allègrement aux nouveaux initiés, je détourne les yeux.

Les marmonnages et la boucane se sont tus. Les cennes ne râclent plus les tables vernies mais la nourriture est la même et le temps rejoue sans cesse sa scène dans la vie quotidienne de la Petite-Patrie.

Une anglophone m'a déjà dit: « I've never been around here. I like it! It's soooo the Nouveau-Plateau!»

Laissez donc mon Gourmet en paix.

dimanche 24 décembre 2006

Je n'aime pas

Les Noël sans neige

Les bottes de mon amoureux

Le pouding

La dinde sèche

Le gâteau au chocolat de ma grand-maman ( TABOU ABSOLU!!! Mais Rita ne connaît pas internet...)

Les party de famille m'angoissent: «C'est quoi que tu fais, déjà?»

Avoir mal au coeur

Les côtelettes de porc

Le tapioca

La crème anglaise

La meringue dure

Le café froid

Mon manteau d'hiver

Porter des bas

Mes grains de beauté

La costarde

La tarte aux cerises

Le gruau

Avoir les cheveux gras

Me démaquiller

Être en retard

lundi 18 décembre 2006

Du laid

J'ai été renversée en y étant confrontée. Comment des choses isolément laides peuvent-elles former un tout correct, charmant, voire beau?

Lundi soir. Heure de pointe, une semaine avant Noël. Deux options s'offrent à moi: refaire les mots croisés pour une seconde fois ou observer la masse compacte. Deuxième option. Mes yeux roulent d'un coin à l'autre. Un poteau. Une main sur le poteau. La main est dans le gant, le gant sur le poteau, le poteau dans le wagon, le wagon est dans le train, le train est dans l'tunnel...

Bref, mes yeux roulent à la recherche d'une réflexion amusante, peut-être intelligente. Soudain, ça me frappe. Je ne peux plus regarder ailleurs. Elles sont partout! Tout le monde en a et elles sont laiiiiides! Bon, certaines personnes n'en n'ont pas ou ne peuvent pas s'en servir mais disons que ces cas sont plutôt exceptionnels...

Je ne pouvais plus regarder les gens de la même façon. Tentez de regarder seulement les oreilles des gens, sans vous attarder au visage...ça fait peur. Elles sont comme des empreintes digitales: des grandes, des petites, des molles et des croquantes!!

dimanche 17 décembre 2006

Dans le murmure de la ville et l'absence de blanc j'écoute ma fin du monde.
Entre les ronrons du frigo et les cris de la ruelle je pleure mon blanc disparu.

Ces grands froids mordants me manquent.
J'ai craint leur venue, j'angoisse leur manque.
Des glaçons de lumière.
Des congères blanches.
Puis grises, puis brunes.
De la poudre et des blocs.
Du lourd qui fait ployer les pelles.
Du nuage jeté en pleine figure.
Des balles lancées espièglement.
Qui rebondissent sur les jaune des autobus scolaires.
Les yeux rageurs des conducteurs d'autobus scolaire.
Des glaçons dans le foulard, du frimas dans les cils.
La morsure cinglante sur les joues qui fait mal.
Qui fait sentir la vie et apprécier le feu.

mercredi 13 décembre 2006

Longtemps, j'ai voulu être mince, fine, longiligne. Pouvoir porter ces chiffons chics et chers des revues de mode. J'ai voulu peser 50 kilos et mesurer un mètre quatre-vingt. Être blonde, avoir des taches de rousseur, avoir les yeux verts, ne pas avoir de grains de beauté. Surtout, ne plus avoir de grains de beauté. Ces taches brunes sur ma peau qui grossissent et apparaissent à leur gré depuis mon enfance, je les hais profondément. Plus que mon poids, plus que ma taille, plus que le noir de mes cheveux.

lundi 11 décembre 2006

Ce que j'écris quand je suis vraiment ivre

J'ai laissé ce message chez PP, vendredi soir...

«L’heure se fait tardive par un désir d’envie. C’est ainsi que se font une salutation et un détour, au hasard d’un voisinage opportun et de clefs retrouvées. L’alcool me prend dans son délire d’absence. C’est pourquoi je te salue, Catherine.

Mariedjo!

J’irai attendre dans le froid nocturne. Les odeurs sont frappantes et la couture se partage…

Il y a énigme à résoudre : tu dois trouver ce qui manque…»

TRADUCTION: il est tard, j'ai les clefs de chez PP, c'est là que je vais aller pour me soulager. Je lui laisse un petit mot au passage (ci-haut). On a le même kit de couture, je le relève mais ça n'a aucun sens, je suis saoûle...J'en ai profité pour lui voler une revue à potins...

samedi 9 décembre 2006

J'ai pratiqué mon anglais et je ne sais pas du tout ce que j'ai pu dire. J'ai appris à dire Goethe correctement, avec l'accent allemand mais je ne sais plus du tout. J'ai pratiqué mon portugais avec un ébahi abasourdi. Ça, je m'en rappelle. J'ai appris que l'amie de l'ami d'une amie (Momo, qui organisait la fête avec AMA) participerait au Fringe Festival l'été prochain et que ça porterait sur le sexe et la mort. Candidement j'ai crié (musique oblige): «Ooooooh, I know, I know! It's about HIV!!!!!» fiiiiiasco. C'était pas ça...froid...je suis allée voir ailleurs. J'ai parlé bouffe indienne. J'ai rencontré deux homonymes. Avec MJ 2, j'ai parlé de cul, avec A (je ne donnerai pas mon nom de famille), je me suis demandée si j'avais de la famille à Joliette. D'ailleurs, je suis en train d'appeler mon père pour lui tirer les vers du nez. Ça ne répond pas, je resterai dans l'ignorance. Je suis allé faire pipi chez Pépé, parce que c'était très facile (j'ai une clef) et parce que faire la queue, alcoolisée, à trois heures du matin ne me disait pas beaucoup.

vendredi 8 décembre 2006

NOOOOOOOOOOOOOOOOON

Je suis maintenant de celles qui ramènent du boulot à la maison, le soir.

PANIQUE

mercredi 6 décembre 2006

Ma salle de bain est une coquille de noix. Le plancher est croche et le lavabo? Tout simplement inexistant. Mes dents iront se brosser dans la cuisine. Mais une baignoire siège et bouffe l'espace. UNE BAIGNOIRE! Dans laquelle je ne mettrai pas mes fesses avant de lavoir l'avée (huhu) maintes et maintes fois...Il y a espoir d'en faire un coquet refuge, à condition de ne pas trop élargir...

Bientôt, je pendrai ma crémaillère. Un de ces jour, je pendrai ma crémaillère. J'ai dix jours de vacances à Noël, je vais pendre la crémaillère. Une chance qu'une crémaillère ne se pend pas dans les salles de bain. J'ai un vague souvenir de trente personnes dans une petite salle de bain. Je lance le défi...À quand trente personnes dans MA coquille de noix?

Minuscule. Microscopique. Petite. Exigue. Étroite. Nanométrique. Promiscuiteuse (!!?). Héhé, ce dernier mot, sorti de nulle part, me fait penser à libidineuse...Bah, la promicuité dans une salle de bain entraîne nécéssairement l'éveil de la libido, non?

Bon, je vais vous pondre une petite nouvelle érotique un de ces quatre...

mardi 5 décembre 2006

De retour. Je n'étais pas partie en vacances, je n'étais pas ni prison ni en punition. Je déménageais, je peinturais, je traînais des boîtes, je lavais des murs, des fenêtres, je décrotais une salle de bain. J'ai travaillé comme une folle. J'y vais tranquillement sur le retour...pas de grandes folies ni de délires ce soir. Didi est venue. Didi, c'est ma maman. Le caporal Vadrouille est entré comme une tornade dans mon petit trois et demi: «Où sont tes guenilles? Ton nettoyant? Ton eau de javel? As-tu des gants? Qu'est-ce que tu veux que je fasse?» Ouuuuuf.

La scène: je suis au téléphone (sondage rémunéré sur le tabac...), mon cellulaire sonne, mon Amour prépare le souper et les yeux gris de mon frère farfouillent. Didi s'impatiente. Il faut croire que la rage ménage saute une génération de temps en temps! Maman, à quatre pattes dans la micro salle de bain, la tête derrière la cuvette qui me crie: «Mariiiiiiiiiiiiiiiie, là tu vas prendre de la peinture en spray et tout repeindre derrière! C'est épouvantaaaaable!» Magie, mes trucs ont trouvé leur place dans la micro pharmacie de la mini salle de bain. Ah, l'organisation des mamans, c'est infaillible. Je me donne trois jours pour y foutre le bordel.

Au moins, ça commence à ressembler à un chez soi.

mardi 28 novembre 2006

Il faut que j'aille jouer au bingo. J'ai même les petits éléphants la trompe en l'air pour la chance...

dimanche 26 novembre 2006

Sempiternel

Petit dimanche gris. C'était l'anniversaire de mon père la semaine dernière. Je me lève, à dix minutes d'avis pour rencontrer mon grand frère coin St-Hubert et Beaubien. Mission cadeau. Je passe chercher un petit café au lait au petit café du coin. C'est long, c'est dimanche et le lait ne mousse pas. Tic, tac, tic, tac. Café en main, clope en bouche, écharpe au cou, je pars. J'ai l'air très décontractée mais surtout pas très démaquillée de la veille et du concert raté, cinéma pour remplacer. Bon, ça y est, je suis en retard...Je ne suis jamais en retard! Mais c'est juste dix minutes, mais si Seb est comme moi, il arrive partout 15 minutes à l'avance. «C'est la faute de papa, que je marmonne tout bas, c'est lui qui nous faisait toujours arriver des siècles à l'avance». Il est là, l'intello. Il porte sa casquette de tweed, un veston et sa sempiternelle barbe...

Je vais faire un parenthèse sur le mot «sempiternel» parce que c'est un mot que j'adore mais qui, franchement, ne se glisse pas toujours bien dans une conversation. Sempiternel a comme préfixe «semper» qui signifie «toujours» en latin. Comme dans la formule Semper Fidelis (toujours fidèle)...ça, ça vient d'une prière. Donc, mon frère porte sa sempiternelle barbe. Il a 28 ans et ça doit faire dix ans qu'il la traîne partout où il va. Fin de la parenthèse.

«T'es en retard, Marie.
-mmmh, grubble, schmu foui, je sais...»

Bec sur les joues, smac, smac. Wow, elle est douce sa barbe! Il doit mettre du revitalisant!! Clin d'oeil à Frédérique Dard, auteur de San Antonio. Mais lui, quand il faisait ce commentaire, il ne parlait pas exactement de la barbe du visage...D'ailleurs, si vous aimez la littérature coquine, je vous conseille fortement ses livres, notamment «Dis bonjour à la dame»!!! Bref, petit matin gris, nous partons à la chasse au bouquin pour papa. Direction librairie Raffin. On jase, il a hâte que la session finisse, le cours qu'il donne se passe bien, mon appart est pas loin, nous allons le visiter. Je suis fière de montrer mon nouveau chez moi à mon grand frère. il trouve ça beau, il trouve ça grand. Oh yeah. On dira ce qu'on voudra, l'approbation fraternelle fait toujours chaud au coeur!!

À ce soir, Seb.

vendredi 24 novembre 2006

Telle une espionne internationale...

Au programme ce soir? Squatter chez mes parents. Ils sont partis au chalet mais ma mère m'a dit, ce matin à huit heures, en me réveillant, au téléphone (encore un abus de virgules, c'est plus fort que moi!!!), que ses clefs allaient être cachées dans ses chaussures, sur le palier. Bon, en théorie, je devais juste passer faire un tour, ramasser un truc et repartir. Mais comment rester seulement 15 minutes dans le nid douillet de ses parents? Impossible, à moins: de ne pas les aimer ou ne pas apprécier leur décoration intérieure. Ce n'est pas du tout le cas de l'espionne de renommée internationale que je suis. Vous pouvez m'appeler Inga, c'est mon nom de code.

On ouvre la porte: wah, ça sent comme à la maison! Wah, c'est ben propre! Trop coooooool, ils sont partis pour trois jours mais le FRIGO EST PLEIN À CRAQUER! Faisons un petit inventaire: plus de fruits et de légumes que je sache en nommer, du pain, du jambon, du fromage, du jus, du lait 1% en SAC (j'ai eu l'impression d'avoir 15 ans en buvant à même le truc...huhuhu, si Didi me voyait!)...

Même si c'est un nouvel appartement, pas MA maison, je me sens incroyablement chez moi...reste à voir comment mon ti-frère va réagir en rentrant du travail et en me trouvant évachée sur le divan en cuir vert du salon, en train de manger des biscuits...SES biscuits!!!

Je vais prendre un bain, aussi. Didi me garde toujours un pyjama au cas où...Je ne pousserai quand même pas ma mission secrète jusqu'au dodo mais ce serait bien comique d'inviter mon Amour à dormir sur le divan de mes parents

Je vais retourner écouter la télé, en attendant de me faire pogner et foutre à la porte...

mercredi 22 novembre 2006

Wouhouoooooooo, je suis encore en vie. Je peinture, je travaille, je donne des préavis pour quitter mon logement actuel!!! D'ailleurs, je l'ai eu, mon préavis parce que 1) J'ai été une très bonne locataire 2) selon le proprio, c'est très bon que je passe à autre chose si j'en ai les moyens!!! Wouah, c'est génial!!! Je n'ai même pas besoin de trouver quelqu'un pour prendre ma chambre!!!!

Je fait dans le bref parce que je meurs de fatigue!!!

Et je garde le même numéro de téléphone! Youpiiiii. Joie, joie, joie! Ça fait tomber le stress d'avoir réussi à parler au propriétaire!! Quand j'ai voulu leur donner mon préavis, début novembre, il était parti, juste comme ça, faire un tour en Thaïlande. Hum...j'aimerais bien aller faire un tour, juste comme ça, en Thaïlande! Ah lalalalalalaaa...

«Je chante la vie, je dis merci la vie » (Otis dans Astérix et Obélix, mission Cléopâtre...)

Bon, je crois que le bref va s'allonger...j'ai envie de déblatérer un petit peu, tant que faire se peut mais pas de là à péter un pneu. Boulot, dodo, métro, appartemento, resto, peinturo, déménagogo...mais quand même pas démago!!! Je bégaie trop devant une foule et je ne veux pas dire juste pour plaire!!

Beuh, toujours tenter de plaire. Je vais aller chercher le sens exact de démagogie dans le dictionnaire. Je ne veux pas parler à travers mon chapeau...

Merde! mon dictionnaire est déjà dans ma nouvelle maison. Bouhouhouh.

En contrepartie, je viens de me faire un lunch de la muerte!! Tout s'explique: longue journée demain. Boulot de 10 à 6 puis école de 7 à 10...hum, ça fait une belle journée de 12 heures et plus de vie active, non?

Donc, des petites carottes, des choux-fleurs au jus de citron, deux sandwichs, deux bananes, des raisins. Oh yeah!!

Pouf, je redisparais!!!!

samedi 11 novembre 2006

Je n'aime pas Jacques Poulin, non plus...Désolée.
Deux fois plutôt qu'une...

Je suis confrontée à une montagne de livres. Mes livres. J'ai toujours dit que ce serait mes livres que je sauverais du feu. Quand j'aurai des enfants, je penserai autrement mais pour l'instant, mes livres, oui. Ils m'accompagnent depuis toujours. Il y a les livres de l'enfance, ceux de la Courte-échelle, les contes de Félix Leclerc, une petite histoire de Pierre Foglia, les aventures de Pellicule qui sauve les animaux avec des petites marionnettes pour les doigts, mes recueils de contes de fées...Il y a les romans que j'ai lus adolescente, volés dans la bibliothèque de mes parents, que je ne comprenais pas toujours mais qui m'ont fait aimer la lecture plus que tout. Il y a la découverte de Jacques Prévert, de Pennac, de Perec, de Sartre, de Camus, de Vian, de Kundera.

Je ne peux pas oublier Hubert Aquin et sa Neige noire.

De l'écriture automatique, de l'absurde, du roman noir, du roman policier, des romans québécois de tous genres: du terroir à la modernité. Les grands classiques et les moins classiques.

Et il y a la poésie...Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, Prévert (encore), Coppens, Saint-Denys Garneau. Je n'aime pas Nelligan mais j'aime Charles Gros, Louis Aragon, Apollinaire. Comment oublier Jarry et son Ubu? Paul Valéry et André Gide, Raymond Queneau? PI-CA-BIA et TZA-RA!!! Tous ces auteurs ont meublé les longues heures dans le métro et dans le bus, de l'école à la maison, de la maison à l'école. Ils m'ont appris à défier certaines conventions, à écrire du beau pour le simple plaisir de créer mais aussi à utliser le beau pour émouvoir, raconter, questionner. Je sais écrire en vers, je sais compter les temps, je sais faire valser les mots pour leur donner une cadence. Verlaine brodait avec les mots. Je valse avec les mots comme je valsais avec ma mère le soir, après le souper.

Je nomme des noms pour nommer mais ce sont mes coups de coeurs, mes compagnons de voyage et de solitude.

J'ai redécouvert Yves Thériault tout à l'heure, en vidant la bibliothèque de mes bébés:

« Partout sur la côte, les hommes ont réarrangé les baies, les anses et les caps: ils ont taillé dans le granit et aplani des falaises. Leurs routes sillonnent nos pays, leurs maisons d'asbeste et de brique ont remplacé souvent nos maisons anciennes, couleur de temps mauvais, couleur de mer hargneuse.»

Je n'ai jamais lu Agaguk mais j'ai lu Le dernier Havre (ci-haut) et La fille laide et ces deux romans ont troublé mes eaux troubles. J'allais oublier Marie-Claire Blais, Michel Tremblay (trop facile?) et Anne Hébert. Louis Caron et ses cornes de brume, ses patriotes et ses défaites. Quoi qu'on en dise, je n'aime pas Jacques Godbout.

Je ne lis presque plus. Manque d'intérêt? Manque de temps? Je ne sais pas. Je sais seulement que mes livres transportent de nombreuses histoires: les leurs et les miennes, entremêlées en souvenirs, en anecdotes, en réflexions. Certaines pages sont cornées, annotées. Entre leurs pages se sont glissées des photographies, des notes de moments d'illumination littéraire, des feuilles d'automnes, des fleurs séchées, des adresses rapidement griffonnées, rapidement oubliées. Toutes ces choses attendent d'être découvertes au hasard, quand j'aurai besoin de lire quelque chose de beau, de dur, de triste.

Je pars, mes livres me suivront. J'ai appris, à mes dépends, qu'il ne faut pas prêter des livres sans en prendre en échange. Ils sont ma richesse. Ils sont ceux qui ont fait que je suis totalement et profondément littéraire, une folle du français, une milicienne de la grammaire et de la syntaxe.

On peut les ranger en ordre alphabétique d'auteurs, en ordre alphabétique de titre, par ordre de grandeur, par épaisseur, par maisons d'édition, par thématiques mais aussi par dates de lecture ou dates d'achat. On doit se réserver une section pour les non-lus, les pas-lus-au-complet, les à-relire, les hum-ça-plairait-à-un-tel!!!!

C'est fou, parler de mes livres me fait pleurer. Ça doit être la fatigue. Je pleure beaucoup ces jours-ci.
Je n'ai pas écrit depuis cinq jours. J'ai rien pensé depuis les horloges sonnantes dans le soir assombri. J'émerge de la torpeur de mon sommeil, un nouveau bail en poche. La semaine a été mouvementée, haute en surprises. J'ai un nouvel appartement. Un nouveau chez moi. Mon premier vrai chez moi parce que j'en serai la seule et unique responsable. Bon, je n'ai pas envie de vous faire la conversation ce matin. J'ai trop à faire, trop à penser. Aucun sujet poétique, aucune réflexion sur la beauté fragile ne me viennent en tête. Ce ne sera pas pour ce matin. Les boîtes m'attendent...Je vais aller, lentement, transposer ma vie.

lundi 6 novembre 2006

Tout à l'heure, j'ai eu l'impression d'être dans un film et c'était vraiment chouette. Il faisait sombre à St-Henri. Les lampadaires faisaient plus ou moins la grève. Je marchais vivement, clic, clac, clic, clac, les mains transies, la tête lourde. Vers le métro, vers la place aux deux horloges. Personne dans la rue que des passants pressés, le nez enfoncé dans un duvet ou un foulard. Je m'imaginais les fantômes d'un bonheur d'occasion qui regardent le train des soldats partir au loin.

Les horloges sonnent six heures. Bong, bong, bong, bong, bong, bong. Je me suis arrêtée pour écouter leur morne complainte. Les cloches sont apaisantes, rassurantes. Elles me rappellent mon adolescence à l'ombre de l'oratoire qui rythmait nos journées avec son carillon. Il n'y a presque plus de délabrement sur la place. Le train est passé en coup de vent, dans un vacarme métallique et le temps s'est figé. Tous se sont tournés, immobiles, vers le tranquille cheminement des cheminots. L'espace d'une seconde, j'ai voyagé dans le temps de St-Henri-les-tanneries. Puis, je me suis engouffrée dans le métro, vers mon siècle à moi.

dimanche 5 novembre 2006

Merde, ça existe

Est-ce que ça existe un poulet plumé encore vivant?
Rêver que l'on reçoit une gifle est désagréable. Je ne sais pas si je l'ai rêvée, ma claque...Mais il a neigé hier, quelques flocons timides. Je ne peux me résoudre à enfiler le manteau d'hiver. L'absence de neige m'inquiète et le froid se fait de plus en plus insistant. «Ne crois pas t'en sauver, j'arrive». Chaque matin, le murmure vient sournoisement dans la brise qui emporte les dernière feuilles, valse désordonnée. Le chat roux fait ses griffes sur le cerisier chagrin du jardin. Il ne peut plus se camoufler dans les orangés d'octobre. Novembre gris et pluie le démasquent et rient à pleines dents des frileux. La couleur survit dans les écharpes et les mitaines et bientôt elle éclatera dans la blancheur, montant aux joues engourdies.

mercredi 1 novembre 2006

Lorsque vous êtes affamés, n'allez pas à l'épicerie. Vous risquez de revenir les bras chargés de n'importe quoi:

Des filets de maquereau sauce moutarde
Six boîtes de thon
Un pain tranché blanc et mou
Du jus orange-fraise-banane
Des saucisses
Des pois mange-tout
Des haricots
Des pâtes (deux sortes)
Des cretons
De la sauce tomate

et...

UNE CAISSE DE CLÉMENTIIIIIIIIINES!!!

On va se faire des lunchs

J'oubliais: des raisins et du fromage qui fait couic-couic ont sauté dans mon panier
La tyrannie des conneries. Marifou est en feu et se parle à la troisième personne. Les moutons sont nourris (www.moutonking.com), elle peut lâcher son fou, flambant nu dans les bois (le fou est flambant nu, pas Marifou), sous la pleine lune de l'Halloween.

Ce matin, avant de partir travailler, un dernier conseil pour les colocs et mon Amour:

«Les gars, c'est l'Halloween ce soir. N'oubliez pas de fermer les lumières et de verouiller la porte. Sinon, une armée de morveux ingrats va envahir le perron dès la tombée de la nuit. On a pas de bonbons cette année. Je n'ai pas envie de me faire insulter par une sorcière qui n'accepte pas les sous pour l'UNICEF!»

Ouf, une bonne chose de faite.

Tant que je n'aurai pas d'enfants, je ne vais plus donner de friandises. C'est trop épuisant. Oh, mais ils sont choux à croquer tout rond quand même.

Je n'ai pas envie d'avoir la Copacodotraha (coallition des parents contre le dodo des travailleurs à l'Halloween) à mes trousses.

Je vois déjà les grands titres: «SCANDALE: Le 6759 refuse de carier les dents de nos mignons»

Fin de la tirade Halloweenesque.

mardi 31 octobre 2006

Mon costume d'Halloween?!!!

Party vendredi soir

Pépé pend sa crémaillère. Je veux être l'amie indispensable, je propose:

Marifou dit :
Veux-tu que j'apporte des doilies pour vendredi soir?

Party vendredi dit :
Des quoi?

Marifou dit :
Ok, j'avais juste envie d'entendre le mot «doilies», ça sonne rond, j'aime ça.

Party vendredi dit :
HAHAHAHA

Party vendredi dit :
C'est quoi??!

Marifou dit :
des p'tits trucs de sous plat en dentelle de papier

Party vendredi dit :
HAHAHAHAHAHAHAHAHA

Party vendredi dit :
oui, apportes-en

Marifou dit :
cool

Party vendredi dit :
on va en avoir besoin

Marifou dit :
pour mettre en dessous des plats de peanuts!!!

Et vlan! Doilies, here I come!!!!

Soit dit en passant, le doilie peut être de dentelle fine mais c'est pas mal plus drôle en papier, quand c'est recouvert de gras de friture.
Comment on me trouve sur Google...

1- «Cigarette compulsivité»

2- «I de S-H»

3- «Alcool goût de fer»

4- «Crottes de souris»

et le dernier, mais non le moindre...

5- «Aveugle correct»

Ça vous donne envie de me connaître, non?

lundi 30 octobre 2006

Il était une fois...

Je pars en voyage. Je mets dans ma valise: une ceinture, des journaux, un agenda de l'université (jamais utilisé), un drap rayé rouge et blanc, une robe d'été en soie, le chapeau de mon grand-père, du vernis à ongle (noir), un ourson blanc et un panda enlacés, un clavier d'ordinateur, un cdrom, une tarte à la citrouille, la montre de mon Homme, une guitare basse et son ampli, quelques cintres, un panier débordant de vêtements sales, et une bouteille d'Éphémère à la pomme. Il n'y a plus de place pour le miroir, quel dommage. Il faudra se détacher de son image. Bah, je pourrai recoudre mon ombre un jour. Peter Pan s'improvise couturière et l'aviateur devient artiste. Il dessine des moutons qui ne sont que des nuages. Vous faites le lien? Un mouton, un nuage. C'est presque la même chose. J'ai réussi à étaler un peu de ma culture littéraire. Les rêves de dunes avalées se font de plus en plus rares. Ils ont dévasté mes nuits et leur agression me manque presque. Masochisme pur et dur.

Je ne sais pas raconter l'histoire, je sais l'inventer, l'embellir, l'ennoblir, l'amortir, la pervertir, la déconstruire. Tangente des ires.

IRE: n.f. (toujours dans les mots croisés), Xième siècle; latin ira. Colère.

COLÈRE: bah, je crois que j'ai déjà exploré de ce côté-là...mais quand même, ça vient du grec Khôlê qui signifie littéralement: bile!!!

Toute cette information me donne envie de relire Thérèse Raquin de Zola, juste pour me plonger dans cette étude ô combien scientifique des caractères!!! Nan...

J'ai sorti mes mitaines, c'est déprimant. Surtout que l'Homme transforme la chambre en sauna depuis quelques jours.

dimanche 29 octobre 2006

F a dit, en parlant des choses qui perdent de la valeur en vieillissant: «Ben, les orphelins»...Et vlan! J'adore, j'achète.Pas un orphelin...l'idée, disons.

vendredi 27 octobre 2006

Vendredi mal de coeur, je rentre à la maison. Dans ces moments, lorsque replié sur soi en imagination et en maux, les brosses bordant les escalators deviennent des moustaches bordant les bouches métalliques d'accès au métro. Quelle est leur utilité? Brosses à souliers? Chatouille-chevilles?

J'aime, lentement, déambuler, la tête en chou-fleur, dans les couloirs du métro. Des odeurs, des images, des airs et des musiques. (Overdose de virgules)

Les verrières du Champ-de-Mars montréalais, entrevues d'un wagon me fascinent. Du rouge, bleu, vert jaune de transparence. Une aveuglante et terne lumière salie qui me consterne.

mercredi 25 octobre 2006


Je veux un Riopelle. Pas une toile géante, raclée à la spatule. Quand même pas. Juste une petite litho. Toute petite, toute belle. C'est ça le danger de travailler chez un marchand d'art. Mais parfois, je me demande comment les gens font pour acheter des tableaux tellement laids, vieux et poussiéreux. Mais Riopelle, c'est beau...

mardi 24 octobre 2006

Citons Julie Masse: «Flashback de New york City, Billy, reviens dans ma vie...»

Une foule compacte. Elle n'est pas exaspérée mais fébrile. Les yeux se croisent, se toisent, se plissent dans une impression fugace de reconnaissance.

Randolph-New York, 1998...Des souvenirs de musique en canne. De l'hébergement au Vermont, dans notre anglais balbituant aux lumières de New York. Les ombres de nos quinze ans retrouvées rue St-Laurent.

«Tu n'as pas changé, Marifou»...ouch.

Retour de cette impression de sous-sol, où tous se déplacent dans le noir, bouteille à la main, avec l'électrisante sensation de transgression des interdits. Toujours, une ombre barbue veillait, à la cuisine, pour rassurer les parents. J'ai dit des folies et j'en dirai encore. L'alcool fait toujours effet en bonne compagnie. De jeunes adultes (beuh) retrouvent leur insouciance candide le temps d'un dernier tour de piste (pathoooooos).

«Et qu'est-ce que tu fais dans la vie?»

jeudi 19 octobre 2006

LA LOI DE MURPHY...après les toasts qui tombent toujours du côté beurré...

Vous êtes certains de rencontrer au moins 5 personnes que vous connaissez quand, pour aller porter un travail avant neuf heures au secrétariat d'histoire de l'art...

a) vous avez le cheveu gras et les rosettes au vent
b) les poches sous les yeux sont gaillardes
c) vos chaussettes sont dépareillées
d) vous ne portez pas de soutien-gorge
e) vous n'avez pas pris votre douche ni mis d'antisudorifique...

mercredi 18 octobre 2006

La chasse aux mots.

Ouvrez votre dictionnaire et voguez d'une définition à l'autre. Il y a possibilité de plusieurs éléments déclencheurs. Mon moteur est souvent une dispute sur la signification de tel ou tel mot avec mon doux.

EXEMPLE: «Arrête de me TRITURER le...» (je ne vous dirai pas ce qui était trituré...)

Votre devoir du jour: ouvrir votre dictionnaire et chercher TRITURER


NARCISSISME: n.m. de Narcisse. 1. cour. Admiration de soi-même, attention exclusive portée à soi. (Egotisme). 2. Psychan. Fixation affective à soi-même

Ahahahah, le mal d'une époque?
Dans la bruine matinale, j'ai marché. Ça commence bien, non? Il y a aussi le mot crachin qui peut servir de sosie en signification. Une demoiselle est, par inadvertance, partie de chez moi avec mon porte-monnaie. J'ai marché dans le petit matin pour le récupérer. J'ai surpris sa coloc en pyjama bleu. Quand je vais chez ma mère, elle me prête parfois un pyjama bleu, avec des nuages, trop grand. Attention, je ne fais pas de comparaison, seulement du coq-à-l'âne.

***ATTENTION*** Lyrisme de fond de baril à venir. Yeux sensibles, s'abstenir...

Je ne suis pas matinale. Chaque fois que le téléphone sonne, je dors. Selon certaines personnes, je ne suis éveillée qu'en des moments de socialisation clefs, quand j'ai pris ou donné rendez-vous. Ce matin, le téléphone a sonné en même temps que le réveil. Sauvée par la cloche, les cheveux en bataille, le vêtement proprement douteux, j'ai chaussé mes souliers et je suis partie dans la grisaille. Tic-tac, il est 9 heures et les gens normaux partent travailler. L'idée du bus bondé m'a déplu: chaleur humide et parfums insistants ne me convenaient pas. J'aime marcher, lentement, au rythme de mes petites jambes. Marche, marche, marche, sur la rue Beaubien, vers l'est. Le plus long est de franchir toutes les rues qui ont des noms avant d'arriver dans les avenues. Première avenue, Deuxième avenue, Troisième avenue, Quatrième avenue, Cinquième? Non, la Cinquième est cachée...Sixième avenue, Septième avenue, Huitième avenue, Neuvième avenue. C'est là que je tourne, à droite, vers le sud.

Ils me font rire, ceux qui ont des parapluies quand il bruine. C'est un poids à porter. Il ne faisait pas froid. Pas de boucane souflée de mes lèvres. Je n'ai pas fondu, je n'ai pas été détrempée. J'ai pris l'air, de l'air montréalais plein les poumons, une bonne odeur de gazon humide dans les narines et j'ai laissé errer mes folies. Le ciel était gris acier, comme les yeux de ma grand-mère quand elle est triste. Comme les yeux de mon petit frère quand il sourit.
J'ai été virée par les nonnes. Ouch.
Dieu m'aime, mais pas chez lui! Je n'en suis pas mécontente, je me sentais trop arnaque de toute façon. Ce n'était même pas commencé, en fait. Je devais y aller demain et vendredi pour une formation.
Dans une conversation téléphonique avec ma sainte formatrice, j'ai réussi à employer le mot «carrière», et même la phrase «meilleur pour ma carrière». Gloups.

«Vos services ne seront plus requis»

Fiou, je ne sais pas où j'ai bien pu mettre mon crucifix...et je récupère mes fins de semaine!!! Je ne suis pas mécontente que ça vienne de leur côté...comment dire à une nonne que ça ne nous intéresse pas sans qu'elle sorte l'artillerie lourde de culpabilisation judéo-chrétienne?

De toute façcon, c'était sectaire! Elles m'auraient forcé à boire du vin de messe et à manger des pets de soeur et à porter des vêtements franchement horribles.

lundi 16 octobre 2006

Deux petites choses avant d'aller dormir.

1- Quand je prends ma douche, je déteste avoir des cheveux qui roulent entre mes jambes. Je perds mes cheveux comme les arbres se délestent de leurs feuiiles.

2- Un rat qui agonise, ça sonne un peu comme un jeune écolière japonaise de manga qui jouit. J'ai dit ça l'autre soir, après quelques pichets, au petit bar du coin, en compagnie de C et C.

Une troisième pour la chance?

3- euh...

dimanche 15 octobre 2006

Je suis encore en vie.

Une nouvelle job et un chinois collant plus tard.

Nouveau boulot: je vais travailler à la maison des encans...chez Iégor de St-Hypolite!! Bon, pour mettre les choses en perspective, Iégor, c'est le bonze, le gourou de la vente aux enchères d'objets d'arts au Canada...bon, disons à Montréal! Waaaah, je ne sais même pas en quoi consiste l'emploi. PANIQUE!!!!! Je commence demain matin et j'ai eu la bonne idée de mettre dans mon CV que je possède une «très bonne capacité à travailler sous pression » (et je cite!)...Oh boy, oh boy. Zen, Marifou, zen.

Chinois collant. On ne parle pas de bouffe, pas de poulet Général Tao mais bien d'un être humain. Fin du commentaire. Il avait l'âge mental d'un chihuahua en rut.

mercredi 11 octobre 2006

Sortons du rêve. Plongeons dans l'eau tiède de la piscine Saint-Denis...

L'aqua-forme, c'est pour ma mère qui a peur de l'eau, qui ne sait pas nager. L'aqua-forme, c'est pour les madames dans la jeune cinquantaine qui veulent se réveiller la cuisse. L'aqua-forme, c'est pour les nouvelles mamans qui veulent se raffermir le ventre. L'aqua-forme, c'est quétaine. Moi, je naaaage, je fais des longueurs, pas question de me secouer le gras devant une jeune fringante tonifiée!!

Et pourtant...pourtant, ce soir, j'ai cédé. En compagnie de Pépé et de sa soeur. Et j'ai aimé ça. Oui. J'ai même adoré. Je vais m'inscrire. Je suis peut-être un peu matante dans l'âme...J'ai forcé, j'ai sué, j'ai senti des muscles oubliés depuis longtemps. C'est quoi des abdos? Wouah! Il y a un muscle dans cette partie du bras?

J'aime l'odeur du chlore. J'aime l'eau. Ah, ben, j'aime l'aqua-forme!

Comme quoi il ne faut jamais dire jamais...

lundi 9 octobre 2006

Un goût de sable dans la bouche.
Une caresse lascérante sur mon palais.
Un goût de fer.
Nous sommes prisonniers d'une cage de verre et il est impossible de respirer.
Du verre nous déchire les entrailles.
Du verre sous les mains et dans la bouche.
Du verre qui coupe.
Il n'y a pas de douleur, seulement cette impression désagréable de marcher sur des tessons.
De marcher sur la bouche, sur des tessons.
Le goût du verre, vert.
Le goût du fer, rouge.
Une propreté douloureuse, chirurgicale qui blesse mon corps.
Qui laisse ses stigmates dans l'éveil.
Je sens encore ces entailles dans mes lèvres.
Une seconde rangée de dents qui me défigure, me rend monstrueuse et mauvaise.
Arracher ces éclats de ma chair semble impensable.
Ils sont là, à attendre de mordre un autre mal charnu.
Une ampoule a éclaté, nous avons cueilli ses restes à même le sol.
Le seul refuge possible est la salle de bain, là où l'eau et le verre s'épousent en silence.
La porcelaine froide coupe, elle aussi.
Mes pieds se coupent sur la porcelaine éclatée.
Fendues, mes lèvres saignent.
J'ai froid dans la nudité norcturne.
Vous ne voyez pas ces morsures.
Elles sont là, elles attendent la nuit pour me hanter.
Vous connaîtrez le mal des tessons, du verre hérissant.
Si vous oubliez d'ordonner votre sommeil.
J'ai mordu à l'hameçon de la coupe.
La coupe m'a blessé et j'attends impassiblement la cicatrice.
Mes lèvres porteront les larves du mal.
Elles bourgeonnent et attendent la guérison de ces coupures rêvées.
Je suis la dame de verre, celle qui coupe ceux qui la touchent, qui la caressent.
J'éclate si on m'aime, je coupe si on me blesse.
Je subis mes vers vert de verre.
Cette coupole me protège des mauvais rêves qui hantent mes jours.
Mon automne de couleurs.
Mes couleurs sont difformes et le glas sonne, crystallin.
Mes tessons chauffés se fondent au gré du désir et de l'abandon.
Mes sables s'étouffent dans les courbes du sablier mouvant.
Le temps se fige, le verre se refroidit.
Les entrailles s'éviscèrent au bord aigu des rêves qui s'incarnent en un sommeil perdu.

dimanche 8 octobre 2006

Après les rats? tout devrait être rentré dans l'ordre, non? Non.

Ça coule dans mon salon et dans la salle de bain. Dans le salon, c'est sur mes livres, sur des meubles, sur le plancher.

Est-ce que j'avais vraiment besoin de ça? Je ne pensais pas qu'intituler mon blogue «Mésaventures» me porterait autant la poisse!

Pfft, lassitude et dégoût!

vendredi 6 octobre 2006

Après la panique, la victoire...et encore un peu de panique!

Mon doux et moi mangions calmement, dans le salon, devant la télé, du poulet et de la salade. Je tiens à mentionner que de rats ou de souris, nous n'avions vu depuis la pose des pièges. Bon, ok, ce n'était pas des pièges, c'était du poison. C'est pas une grosse, grosse menterie!! Et ça me paraissait méchant de dire tout de go que j'allais empoisonner mes nouveaux colocataires. La question se pose. Qu'est-ce qui est le plus cruel? Faire mourir un rat, la queue écrasée dans une trappe ou le cul collé dans de la glu ou bien empoisonner le rat, le faire mourir de façon foudroyante et ne pas avoir à le ramasser parce qu'il va saigner à mort, pour ensuite sécher et se désintégrer?

Bref. Nous mangions du bon poulet, regardant la télé lorsque des couinements sont venus à nos oreilles. Est-ce que ça venait de dehors? De la cuisine? De la salle de bain, que sais-je, de chez les voisins??? Nooooon, en écoutant attentivement, nous avons découvert que ça venait de la cave. IIIIIIiiiiiiiiiih!!! Ça couine dans la cave!!! Merde, il n'y a que deux froussards dans l'appartement. Pas question de descendre et de tomber nez à museau avec un rat! Nous avons jugé préférable de terminer notre repas, de faire la vaisselle et d'ignorer les bruits. Je n'aime pas les sports extrêmes, je ne veux pas avoir la rage parce que j'ai fait copain-copain avec un intrus qui a du poil, deux oreilles rondes et une longue queue. On s'entend, entre mes rats et ceux de Walt Disney, il y a mille lieues.

Je n'ai malheureusement pu ignorer la cave très longtemps. Effectivement (marqueur de relation, adverbe de conséquence?), il me fallait faire une lessive: je pars trois jours chez mes parents et je ne veux pas leur faire peur en arrivant sale à la maison! Fiou! mon coloc Mathieu, notre homme de bras, revient juste à temps pour descendre avec moi. Je lui explique, un peu hystérique, que nous avons entendu des bruiiiits en bas...Trop aimable, il m'accompagne et je lui explique où j'ai mis le poison: dans tous les coins et recoins, derrière la laveuse, la sécheuse, le congélateur, dans les tas de linge et de traîneries, etc.

Je remplis la machine et je remonte en quatrième vitesse. Il a attendu d'être dans le salon pour me dire qu'il avait vu un cadavre, caché derrière une planche, non loin de nous!! Yeurk, ça me dégoûte tellement!

Ce n'est pas une souris, c'est bel et bien un rat. Si c'est une souris, elle prenait des stéroïdes!

Le merveilleux Mathieu va ramasser le cadavre...je ne peux m'y résoudre!! Dire que je devrai redescendre et mettre mes vêtements à sécher...

jeudi 5 octobre 2006

Je vais travailler chez les soeurs. Je ne sais pas encore comment réagir. Suis-je un caméléon?

mercredi 4 octobre 2006

Nous pataugions comme des baleines à la dérive.

Encore du bleu, des casques de bain, des petites lunettes. Un cours d'aqua-forme, pas pour nous. Nous étions quatre à barboter et à mimer les exercices anti-cellulite lorsque, surgi de nulle part, notre pire cauchemar fit son apparition.

La démarche sûre, le torse viril, le moule-boules flamboyant et le bonnet de bain crasseux. L'homme de ma vie, quoi. J'oubliais, il arborait une charmante moustache.

Il laisse ses gougounes sous un banc et dépose sa serviette. À le voir, j'avais l'impression que quelqu'un s'était essuyé les pieds sur un drapeau canadien! Il saute à l'eau et fait quelques tractions sur les blocs de départ. Brrrrrrr...

Mine de rien, nous continuons notre barbotage, d'un côté et de l'autre. Il occupe son territoire et nous le nôtre. Nous changeons de côté pour lui laisser un peu de liberté. Pauvre petit drapeau sale.

Il barbote, notre drapeau. Mais, en plus de jouer la sirène, il nous suit, d'un bord à l'autre. Nous avons dansé le set-carré aquatique pendant au moins quinze minutes. Nous changeons de couloir, inlassablement. Inlassablement, il change de côté. S'il avait eu des lunettes de nage, il aurait regardé nos fesses!
Marifou chez les nonnes

Itinéraire de mercredi am et pm.

1. On se lève, 7 heures et quart, et on part pour l'ununu. Cours de 8h30 à 11h30. Ennuyeux. Le trajet? Jean-Talon à Côte-des-Neiges et vice-versa.

2. De retour à la maison, notre temps est compté: entrevue à 14h30, chez les bonnes soeurs de l'Immaculée-je-ne-sais-quoi. Trajet? Jean-Talon à Henri-Bourassa et vice-versa.

Douchée, habillée, je suis prête à affronter soeur Sylvia.

L'entrevue préliminaire est passée, je suis maintenant dans le colimateur. Il faut ressortir le crucifix, réastiquer le crucifix. Si jamais vous avez une croix d'argent à rendre belle, je vous conseille le dentifrice. Ah, cette petite croix offerte lors de la première communion, jamais portée, oubliée bien sagement dans une boîte à bijoux, qu'elle me semble utile aujourd'hui!

Il paraît que j'ai des bonnes valeurs! Héhéhé, «famille, entraide et amitié»!!!! Je me demande bien où je suis allée chercher tout cela moi qui vit en concubinage, qui boit, qui fume et qui jure, bordel de dieu! Je ne crois pas vraiment en Dieu (du moins pas en Leur dieu). Certes, je suis baptisée, première communiée et confirmée mais tout ça a été fait un peu dans mon dos, non?

Je me suis confessée, une fois et...J'AI MENTI. Qu'est-ce qu'une enfant de douze ans peut bien avoir à se reprocher?

Jusqu'où irai-je pour un emploi???

mardi 3 octobre 2006

Arrrmand Vaillancourt??? Je sais pas c'est qui. Si ce n'est un sculpteur, un grand parleur, un échevelé et surtout, une sculpture dans le coin nord-est du salon de Pépé...
L'Air du temps, de Nina Ricci. C'est l'odeur des mamans qui se pomponnent qui sentent si doux. Ce sont des effluves de fêtes. Des parfums d'été et d'hiver. À toutes les sauces, les mamans sentent l'Air du temps. La mienne, les leurs. C'est un classique et il serait impensable qu'une maman sente autre chose. C'est Diane, Maude et Rose-Anne...
Le politiquement correct:

Aveugle? Non, non-voyant.

Sourd? Non, malentendant.

Nain? Non, personne de petite taille.

Muet? Non, celui qui parle avec le langage des signes et a de grandes chances d'être sourd, euh, malentendant...

Ma mère travaille avec des handicapés (attention, pas de liaison qui fait des zandicapés...!!), elle a un peu une langue de bois.

Elle veut sauver le monde ma mère. Elle donne sa place dans le métro, elle tient les portes tueuses du métro. L'an dernier, elle est même devenue la meilleure amie du monsieur diabétique ronfleur qui partageait ma chambre d'hôpital. Marifou est immobilisée sur un lit plastifié, dans une chambre qu'elle partage avec deux monsieurs qui geignent et qui parlent anglais. Son voisin le plus «normal» est un junkie aux pieds nus qui met du vernis à ongles noir et qui se dessine des coeurs dans le visage...

Mise en situation. Je me réveille (assommée par les médicaments) pour trouver ma mère, qui est revenue à Montréal JUSTE POUR MOI, en grande conversation avec le monsieur. Elle lui fait manger son pouding et converse en anglais, comme si elle le connaissait depuis toujours: «You want some more Mr. Klutz? You want some water? Oh, look, my fille, euh, daughter, is alive, euh, awake! Marifou! dis bonjour à Mr. Klutz!». Un peu plus, c'est lui qu'elle faisait sortir de l'hôpital.
Statut?

Selon le gouvernement, je suis célibataire.
Dans les faits, je suis en concubinage avec celui qui sort de transe.

Je ne porte pas de bijoux quand je travaille. Ils pourraient s'accrocher partout et se déglinguer et s'abîmer, etc.

Pas de bijoux veut dire pas de bague, non plus. Et pour certaines personnes (vieilles, pardon), pas de bague veut dire pas engagée et libre comme l'air. «Bonne à marier». Brrrrrrrr, frisson.

Mise en situation: le lieu de travail de Marifou regorge de vieilles personnes solitaires qui viennent jaser un bon coup de la pluie et du beau temps. On ne peut pas vraiment dire à quelqu'un de s'en aller et il faut prendre les commentaires comme ils viennent. Le premier du mois est encore proche : chèques, loyers, factures. Comme c'est intéressant pour une étudiante en histoire de l'art!

M. Truc s'approche, accompagné de son petit-fils gluant. Il est vieux, il est né en 1922. Il me dit d'emblée qu'il n'est jamais allé à l'école et que c'est vilain une fille qui se ronge les ongles. Je me ronge à peine les ongles...hum. Bon, son petit-fils louche un peu et a une moustache de duvet. Je suis malade et ça me dégoûte. Le petit vieux (désolée, maman mais c'est le premier qualificatif qui me vient à l'esprit), remarque alors que je n'ai pas de bague au doigt où il arrive parfois qu'on fasse l'erreur d'en glisser une...

«Ah, ben, t'es encore fille!
-euh, oui, euh, ben, je suis pas mariée mais j'ai un copain»

Je crois que même si ça avait été un mensonge, je lui aurais dit que j'étais prise. Autrement, je voyais déjà ma soirée finir dans les bras de la moustache baveuse. Beuuuh.

«Encore fille», qui est-ce qui parle encore comme ça?

lundi 2 octobre 2006

Les sinus de Marifou.

Ça m'apprendra à fricoter avec des gens malades. Ça tousse, ça geint, ça se racle la gorge. Ça gémit entre deux tisanes magiques et les nuits se font soporifiques. Je riais de ces têtes d'ahuris mais je fais maintenant partie du lot. Une tonne de briques dans le front.

Renifler, renâcler, ravaler, avoir la snifette. Il n'y a plus que des voix assourdies et enrouées qui ricanent comme de vieilles fumeuses. Ça fait arrêter de fumer, quel malheur! Pardon, quel bonheur (ouin...)!

samedi 30 septembre 2006

Dehors lyrisme

Il y a un temps pour la contemplation mais, comme les souris me hantent, il y a aussi un temps pour la colère!

Colère: n.f. Violent mécontentement accompagné d'agressivité...Courroux, emportement, exaspération, fureur, furie, rage. Fam: rogne. (Le Petit Robert)

Non, effroi conviendrait mieux. Après une autre absence de sommeil, je m'extirpe du lit. un pas après l'autre, vers la cuisine, on fait son chemin. Une patate douce oubliée gisait sur le comptoir, coincée entre la cafetière et l'étuveuse. Sur la table, nonchalantes, trois petites boules noires. Le coeur lourd après l'insomnie, je m'approche, intriguée. Désespoir, je sais ce que c'est... ce sont DES CROTTES DE SOURIS! Il y a des crottes de souris sur ma table!!

Il est huit heures et quart et je panique. Le manque de sommeil aidant, les valves s'ouvent: ça y est, je pleure. Mon amour s'éveille (il sort toujours de transe, mon amour). En fait, je le réveille, je crie. Merde, des souris.

Bon. Passe la Panique,la panique passe. La riposte s'organise. Il faut vider les armoires, laver les armoires, se débarrasser de ce qui a été rongé (la patate, je ne l'ai pas mentionnée pour rien!), laver le plancher et, chercher des trous...Il faut des trappes! et beaucoup de musique forte qui fait danser. En attendant, je téléphone à Pépé. Oups, on la réveille au passage, on expédie son histoire en trois secondes et on demande, subtilement, sourire dans la voix:

«Alors, tu fais quoi ce matin?
- Je ne cherche pas de souris, entoucas!
- Même pas un petit peu? Ça serait ton cadeau de fête en avance!!
-Maridjo! J'viens de me lever. Relaxe, elles vont pas te manger les souris. Hum, mais toi, si tu les attrape, tu pourras faire un barbecue!»

Après tout, j'ai déjà passé la nuit avec une famille de rats!

IIIh, quelques trappes et quelques clopes plus tard, on commence à entrevoir l'immensité de la tâche. La cuisine est crasseuse et je suis seule devant l'Everest repensé en orange, vert et rouge, avec seules neiges éternelles que le frigo et la cuisinière qui flamboient (envolée lyrique).

On va chercher des cd, on mange des tortellini pour ensuite décourvrir que la serpillère a rendu l'âme. Sort, quand tu t'acharnes! Ça frotte, ça nettoie, à six bras. Pépé arrive à la rescousse, serpillère au bras et vélo entre les jambes. On en profite pour concocter trois petits sacs de vêtements à donner, pour virer de vieux journaux. Et surtout, on sort quelques minutes de la cuisine qui est zone sinistrée.

Il faut accepter les nouveaux colocataires. Je n'ai pas envie de ramasser leurs petits corps froids, le matin venu.
Le froid se faire sentir. Même sous les rayons du soleil timide. Les pieds mouillés, la tête légère. Il y a des rats sous mon toit. C'est l'heure du grand ménage. On fait la sieste, tranquille. J'attends des nouvelles qui ne viennent pas. L'ivresse embrasse mon corps qui frissonne dans l'étreinte promise.

dimanche 24 septembre 2006

Je fais un lent retour vers le monde. il y a un premier petit pas de franchi. Le balcon est encore mon royaume. Cette fois, les indiscrets me voient, en chair et en os. Tout virevolte sous le vent. On coupe les fleurs et on récolte les branches moribondes. Les portes de l'église voisine claquent et les décoiffés s'empressent d'aller prier je ne sais qui. C'est dimanche soleil et tout bruisse dans nos oreilles. Les feuilles mortes baignent dans leur dernier refuge, flaques d'eau laissées par l'orage.

On commence à préparer le retour du printemps, on sarcle, on coupe, on rempote. Calmez-vous, le printemps viendra bien un jour. Il faut aller cueillir les pommes avant que les vers ne s'en délectent. Pommes rouges, pommes rondes qui ont fleuri et mûri tout l'été. Elles feront bientôt de ronds bedons de tartes.

vendredi 22 septembre 2006

Mes pieds ont froid. Le ciment est froid et le bleu viendra. Un délire de couleurs m'habite et je regarde filer l'acier des voitures. Automne, tu commences mais le froid n'attendra pas. Une couette de plume pour nous et les oiseaux volent vers le sud. Le jardin se rabougrit, se fane. Des manteaux se saluent dans la rue.

La haine me tue. Il y aurait du si beau sans cette folie noire. Du si beau qui vit ses cycles et renaît constamment. Paisibles, les voitures; paisible, ma rue. Ses arbres sont imperturbables, immuables. Les fenêtres peuvent encore aérer mon espace. Elles ouvrent leurs carreaux sur le monde. Je n'ai cure que l'on observe, l'indiscrétion est notre part d'humanité.

Le rouge du matin amoureux s'est dissipé sous l'astre du plafonnier. On travaille en silence. C'est ce qui se trouve dans mon antre du matin, ça cogite. La routine reprend ses droits. Le doux rituel de l'éveil et le regard de l'aimé se retrouvent parfois, bref échange de paroles sourdes. Elles sont douces. si douces et tellement froides.

Comme mes pieds sont froids!
La compulsivité est mon désordre qui s'ordonne en inventaire désaxé. La chambre est un sanctuaire, caverne d'Ali Baba sur le retour. La chambre est un bureau, un lit, des chaises et des piles de vêtements. Des sueurs mortes flottent dans l'air. Quelqu'un tambourine à la porte. J'avais oublié le téléphone. La paresse au lit, la cigarette au bec. Contemplation du silence rouge, lumière tamisée. Il y a des verres, du verre, des lampes, des écrans qui se taisent, de l'encens qui sent et un homme qui dort paisiblement. Les éléments de mon refuge s'ordonnent, se coordonnent pour pallier au dehors frais de l'automne.

Mon regard divague vers les balcons. L'envie d'un extérieur se fait sentir. Passer du rouge au jaune. Le verdoyant cède son royaume. Mon amour s'éveille, le café crapote au loin. Il ne manque que du bleu. Il est trop tard pour ce bleu, la nuit s'enfuit à grands pas. Il faut sortir châles et foulards. Les paris sont ouverts, grisaille et couleurs s'épousent en silence. Que du vent qui soupire à la sortie de l'été.

Vent, je rirai de ta gifle hivernale.