Tout à l'heure, j'ai eu l'impression d'être dans un film et c'était vraiment chouette. Il faisait sombre à St-Henri. Les lampadaires faisaient plus ou moins la grève. Je marchais vivement, clic, clac, clic, clac, les mains transies, la tête lourde. Vers le métro, vers la place aux deux horloges. Personne dans la rue que des passants pressés, le nez enfoncé dans un duvet ou un foulard. Je m'imaginais les fantômes d'un bonheur d'occasion qui regardent le train des soldats partir au loin.
Les horloges sonnent six heures. Bong, bong, bong, bong, bong, bong. Je me suis arrêtée pour écouter leur morne complainte. Les cloches sont apaisantes, rassurantes. Elles me rappellent mon adolescence à l'ombre de l'oratoire qui rythmait nos journées avec son carillon. Il n'y a presque plus de délabrement sur la place. Le train est passé en coup de vent, dans un vacarme métallique et le temps s'est figé. Tous se sont tournés, immobiles, vers le tranquille cheminement des cheminots. L'espace d'une seconde, j'ai voyagé dans le temps de St-Henri-les-tanneries. Puis, je me suis engouffrée dans le métro, vers mon siècle à moi.
1 commentaire:
Très touchant. Bravo
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