On a aspiré une vie. La mienne a commencé ce jour-là. Il faisait froid du haut de mes vingt ans. Du bleu, du blanc, les doigts gourds au printemps timide. L'école de la vie, au pied des murs blancs de la nouveauté, sans ce petit haricot. Un petit rien qui a grandi en moi, juste avant que mes entrailles le rejettent. Du rouge entre les cuisses, un vide sous le bassin.
Trois mois de cohabitation, trois mois d’exigences, trois mois de nausées, de seins douloureux, de crampes. Tout est parti si vite. Un bon coup d’aspirateur; lavée de l’irresponsabilité sexuelle. Pas de souvenir de ce moment. Un rêve s’immisce parfois : cette chose aurait bientôt cinq ans. Cet intrus, ce dévastateur. Il aurait été une récolte d’automne, une pomme bien verte, comme tant d’autres.
Des pas feutrés à la clinique, des voix douces et affectées. Regards en biais, gestes posés et précieux. Que des prénoms et des tutoiements. J’ai tout détesté. On a pris une vie et rendu des morceaux à recoller. Il a fallu trouver de la colle à chair, s’évader par tous les moyens. Est-ce bien arrivé ? Personne pour me tenir la main, un retour en taxi et une longue sieste.
Lettre au petit haricot, 21 mars 2002
Tu me fais chier, tu m’arrache des vomissements, tu me défigures. Je voudrais que tu ne sois pas là. Rien ne va et tu es là. Tu ne fais que ça, me rappeler ta présence. Toujours. Vas-t’en! Tu n’es pas le bienvenu. Je n’ai jamais pensé à toi et je t’oublierai aussi vite que tu es venu.
2 commentaires:
ouch! ca ne se lit pas de maniere anomyme, je t'embrasse, gab
Tu sais, c'est drôle à dire mais c'est juste venu comme ça...faut de l'imagination dans la vie!
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