lundi 9 octobre 2006

Un goût de sable dans la bouche.
Une caresse lascérante sur mon palais.
Un goût de fer.
Nous sommes prisonniers d'une cage de verre et il est impossible de respirer.
Du verre nous déchire les entrailles.
Du verre sous les mains et dans la bouche.
Du verre qui coupe.
Il n'y a pas de douleur, seulement cette impression désagréable de marcher sur des tessons.
De marcher sur la bouche, sur des tessons.
Le goût du verre, vert.
Le goût du fer, rouge.
Une propreté douloureuse, chirurgicale qui blesse mon corps.
Qui laisse ses stigmates dans l'éveil.
Je sens encore ces entailles dans mes lèvres.
Une seconde rangée de dents qui me défigure, me rend monstrueuse et mauvaise.
Arracher ces éclats de ma chair semble impensable.
Ils sont là, à attendre de mordre un autre mal charnu.
Une ampoule a éclaté, nous avons cueilli ses restes à même le sol.
Le seul refuge possible est la salle de bain, là où l'eau et le verre s'épousent en silence.
La porcelaine froide coupe, elle aussi.
Mes pieds se coupent sur la porcelaine éclatée.
Fendues, mes lèvres saignent.
J'ai froid dans la nudité norcturne.
Vous ne voyez pas ces morsures.
Elles sont là, elles attendent la nuit pour me hanter.
Vous connaîtrez le mal des tessons, du verre hérissant.
Si vous oubliez d'ordonner votre sommeil.
J'ai mordu à l'hameçon de la coupe.
La coupe m'a blessé et j'attends impassiblement la cicatrice.
Mes lèvres porteront les larves du mal.
Elles bourgeonnent et attendent la guérison de ces coupures rêvées.
Je suis la dame de verre, celle qui coupe ceux qui la touchent, qui la caressent.
J'éclate si on m'aime, je coupe si on me blesse.
Je subis mes vers vert de verre.
Cette coupole me protège des mauvais rêves qui hantent mes jours.
Mon automne de couleurs.
Mes couleurs sont difformes et le glas sonne, crystallin.
Mes tessons chauffés se fondent au gré du désir et de l'abandon.
Mes sables s'étouffent dans les courbes du sablier mouvant.
Le temps se fige, le verre se refroidit.
Les entrailles s'éviscèrent au bord aigu des rêves qui s'incarnent en un sommeil perdu.

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